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La finance comportementale

Solène Cholat
Solène Cholat26 janvier 2025
La finance comportementale
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La finance comportementale : quand vos émotions dirigent vos décisions

La finance comportementale n’est pas une nouvelle théorie du complot, mais une discipline bien réelle. Elle rassemble les travaux de nombreux penseurs, économistes, sociologues, mathématiciens ou experts financiers. Vous est-il déjà arrivé de craquer pour la dernière console, de dépasser largement votre budget pour offrir un cadeau à un proche, ou d’éviter de consulter votre compte en banque… tout en continuant à dépenser ? Vous n’êtes pas seul. Et c’est exactement ce que la finance comportementale permet d’expliquer.

Elle repose sur une idée simple : l’investisseur – vous, moi, tout le monde – n’est pas un robot rationnel. Il prend parfois de mauvaises décisions financières influencées par ses biais cognitifs, ses émotions, ou son environnement.

1) Les origines de la finance comportementale

Tout commence dans les années 1960, avec Eugène Fama et sa fameuse théorie de l’efficience des marchés financiers. Selon lui, toutes les informations disponibles sont intégrées instantanément par les marchés, ce qui les rend parfaitement rationnels.

Mais cette idée est rapidement remise en question par d’autres économistes comme Robert Shiller ou Daniel Kahneman. Tous vont démontrer, chacun à leur manière, que les comportements irrationnels des investisseurs peuvent expliquer de nombreuses anomalies de marché. Leurs travaux ont été couronnés par un prix Nobel en 2013.

2) Théorie classique vs finance comportementale

La théorie classique repose sur l’idée que les individus sont parfaitement rationnels, qu’ils agissent uniquement en fonction d’informations objectives, et qu’ils cherchent toujours à maximiser leur intérêt.

La finance comportementale, quant à elle, nuance cette vision. Elle montre que les décisions financières sont souvent influencées par des biais psychologiques et émotionnels. Les investisseurs ne sont pas des machines : ils doutent, s’emballent, surestiment, procrastinent…

3) Six biais cognitifs fréquents chez les investisseurs

Voici quelques-uns des biais les plus courants identifiés par les chercheurs en finance comportementale :

L’excès de confiance

L’un des biais les plus documentés. Nombre d’investisseurs sont persuadés d’avoir raison… même quand les faits leur donnent tort. Ce sentiment de supériorité les pousse à prendre des risques inconsidérés, à multiplier les opérations, ou à ignorer des signaux évidents.

Le biais de représentativité

Ce biais consiste à juger une situation à partir de quelques exemples frappants, sans tenir compte de l’ensemble des données. Par exemple, croire qu’une entreprise est forcément la meilleure parce qu’elle a reçu plusieurs prix, sans chercher à comprendre les critères ou le contexte.

L’aversion à la perte

Les pertes font bien plus mal que les gains ne font plaisir. Résultat : de nombreux investisseurs conservent trop longtemps leurs investissements perdants, et vendent trop tôt ceux qui rapportent. Ils veulent éviter la douleur de la perte, quitte à agir de manière irrationnelle.

Le comportement moutonnier

Beaucoup d’investisseurs suivent la tendance sans vraiment réfléchir. Si tout le monde achète une action, c’est qu’il faut faire pareil, non ? C’est l’un des moteurs des bulles spéculatives. Et aussi l’un des plus grands pièges pour un investisseur.

L’ancrage

Lorsqu’on vous donne une première information, elle influence souvent de manière excessive votre jugement. Par exemple, si vous lisez quelque part que le bitcoin va atteindre 100 000 euros, cette idée vous reste en tête, même si rien ne la justifie.

Le biais de disponibilité

Il s’agit ici de privilégier les informations facilement accessibles, au détriment de celles plus complexes mais parfois plus fiables. Un exemple : investir dans une entreprise parce que vous avez vu une publicité récente ou lu un article dans les médias, sans analyse plus poussée.

4) Pourquoi connaître votre profil d’investisseur change tout

Mieux vous connaître, c’est mieux investir. Vos objectifs, vos émotions, votre rapport au risque : tout cela influe sur vos décisions. En prenant conscience de vos biais, vous pouvez les limiter et prendre des décisions plus éclairées.

Voici quelques bonnes questions à vous poser :

  • Quel est votre rapport à l’argent ? Êtes-vous plutôt économe, ou avez-vous tendance à dépenser spontanément ?
  • Qu’attendez-vous de votre investissement ? Un rendement rapide ? Une sécurité à long terme ? Un projet concret (voyage, retraite, achat immobilier) ?
  • Quels types de produits vous attirent ? Êtes-vous plutôt prudent ou audacieux ?
  • Quel niveau de connaissance avez-vous en finance ?
  • Avez-vous une appétence au risque ? Préférez-vous la stabilité ou êtes-vous prêt à prendre des paris mesurés ?

En répondant à ces questions, vous obtiendrez une première idée de votre profil. Et vous pourrez adapter vos placements en conséquence.

55 filons pour déjouer la finance comportementale

Il est facile de perdre ses repères lorsqu’il s’agit d’investissement. Et cela devient encore plus complexe quand on découvre l’influence que peut avoir la finance comportementale. Pour garder la tête froide et les idées claires, voici quelques règles d’or à garder en tête :

1. N’investissez jamais l’argent dont vous avez besoin pour vivre

Un bon investisseur dort paisiblement. Si votre capital investi met en péril vos dépenses courantes ou votre tranquillité d’esprit, c’est que le montant est mal calibré.

2. Pensez toujours long terme

L’investissement n’est pas une épargne de précaution. Ce n’est pas une tirelire, mais un levier pour faire fructifier votre argent avec une vision à plusieurs années.

3. Prenez le temps

Votre pire ennemi en matière d’investissement, c’est souvent… vous-même. Ne prenez jamais de décision à chaud. Réfléchissez, posez les choses, demandez conseil si besoin.

4. Ne consultez votre portefeuille qu’une à deux fois par mois

Il ne s’agit pas de votre compte courant. Le consulter trop souvent, surtout en période de baisse, peut vous pousser à agir de manière impulsive.

5. Lissez toujours votre point d’entrée

Commencez avec une somme initiale cohérente, puis mettez en place des versements réguliers. C’est particulièrement pertinent sur des marchés volatils : cela permet de réduire les risques liés au mauvais timing.

En résumé

Vous n’avez pas besoin d’acheter La finance comportementale pour les nuls pour comprendre les grands principes de cette discipline. Investir avec logique, c’est tout à fait possible – à condition d’être conscient des biais cognitifs et des facteurs émotionnels qui influencent vos décisions.

Chacun possède un profil d’investisseur bien spécifique, et il vous revient de découvrir le vôtre. N’oubliez jamais qu’un trader expérimenté peut lui aussi se tromper. En identifiant puis en corrigeant votre biais cognitif dominant, vous maximisez vos chances de réussir un placement raisonné — et non dicté par l’émotion.

Solène Cholat
Solène Cholat26 janvier 2025