Publié le 20/04/2021
Je m’appelle Jean Baptiste, j’ai 26 ans. Je suis cuisinier dans un restaurant dans le vieux Lyon, après avoir fait une école de cuisine à Paris. J’ai aussi eu une licence de droit auparavant. Je vis actuellement en colocation à Lyon.
J’ai comme seul revenu mon salaire en tant que cuisinier : 1 878 € nets par mois.
La répartition 40 / 60 / 0 de Jean-Baptiste :
Généralement, à la fin du mois, il ne me reste rien. Même, parfois, il me reste moins que rien. Quand il me reste des sous, il y a des dépenses annexes qui viennent prendre le relais. Comme, par exemple, les vinyles qui me coûtent 200 € par mois en ce moment. Je me suis fait plaisir aussi dernièrement avec la guitare de mes rêves à 1 500 € !
Je suis clairement un flambeur, parfois je suis même enflammé ! Pour moi l’objectif avec l’argent, c’est avant tout de se faire plaisir. Je suis un gourmet, un bon vivant et cela se répercute dans mes dépenses. Par exemple, dès que je veux faire une raclette, je vais chez le fromager pour avoir les meilleurs produits, même si j’en ai pour 80 €.
Paradoxalement, c’est aussi la première fois cette année où je me dis qu’il faudrait que je mette un peu de côté. C’est la première fois que j’ai un salaire avec un loyer aussi peu cher, il faudrait que j’en profite.
J’ai l’impression que tous mes amis de mon âge mettent de côté. Mais il faut dire qu’on n'a pas les mêmes salaires. Ça révèle aussi une partie de mon caractère : je n’aime pas trop l’argent, j’essaie de le dépenser le plus vite possible ! Quand je vois, par exemple, mon frère qui travaille toujours plus pour gagner plus, je ne le comprends pas vraiment, ça me passe au-dessus de la tête.
En ce moment : zéro projet. Mais heureusement ceci-dit, car j’ai zéro épargne. J’ai tout de même la chance de ne pas avoir de dette ou d’emprunt. D’une certaine manière, je me sens un peu plus libre, je devrais en profiter ! Ne pas avoir de dettes, c’est quelque chose qui me tient à cœur.
J’ai le rêve d’ouvrir un jour un restaurant à Belle-Île. C’est un gros projet. Je fais ce métier de cuisinier justement pour pouvoir à terme ouvrir mon propre restaurant. Je cherche avant tout à ouvrir quelque chose dans un endroit que j’aime, avec des produits dont je suis friand. Mon idéal serait de faire de la cuisine dans l’ère du temps avec les produits de l’île. Il y a, bien sûr, une volonté de mettre en valeur le territoire dans lequel je suis. J’ai envie de faire vivre l’île et de mettre en valeur le travail des artisans locaux. L’artisan qui fait son fromage de chèvre par exemple. Ce sont des gens qui travaillent bien et qui ont le même détachement que moi au niveau de l’argent : ils ont envie de solitude et de tranquillité. Au niveau de l’établissement, je veux donner du plaisir aux gens, les recevoir chez moi pour qu’ils passent un bon moment.
J’aimerais aussi être propriétaire d’un logement, mais malheureusement, je sais qu’avec mon salaire je ne peux pas avoir les deux (restaurant et logement). Tant pis, je louerai quelque chose à Belle-Île en attendant !
Je ne me sens pas du tout concerné par l’investissement. Je n’ai pas les sous pour, pour l’instant. À la place je m’investis dans mon travail. J’ai par exemple passé mes dernières vacances à faire de la cuisine et de la pâtisserie en Afrique pour le président du Togo !
Oui, à chaque fois que je vois mon père, il me dit que je devrais absolument mettre de côté. Il ne me reste plus qu’à le faire pour de vrai !
Merci à Jean-Baptiste de nous avoir accordé cet interview.